Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/47

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Préliminaire. 31

de penfer , & n’en parle qu’à fcs amis , ou à des gens verfés comme lui dans les plus hautes fciences , foit que par la voie de la converfarion , & llir-touc par celle de l’imprclfLin il en ait accouche iSc fait confidence a tout l’univers ; ) quel eft , dis-je , l’athée qui aille de ce même pas voler, violer’, brûler, aflalfiner & : s’immortalifer par divers crimes ? Hélas î il eii trop tranquille, il a de trop heureux penchants pour chercher une odieufe & exécrable im.moLtiîité ; tandis que par •la beauté de fon génie , il peut aulTi bien fe peindre dans la mémoire des hommes, qu’il a été agréable pendant fa vie par la politeiïe & la douceur de fes mœurs.

Qui l’empêche, dites-vous, de renoncer à une vertu , de l’exercice de laquelle il n’attead aucune récompenfe ? qui l’empêche de fe livrer à des vices ou à dt^s crimes , dont il n’attend aucun^e punition après la mort ?

O l’ingénieufe & admirable réflexion ! Qui vous en empêche vous-mêmes, sa-àcms /pirinialiftes ! Le diable. La belle machine & le magnifique épouvantail ! Le philofophe , que ce feul nom fait rire , eft retenu par une autre crainte que vous partagez avec lui , lorfqu’il a le malheur , ce qui dt rare , de n’être pas conduit par l’amour de l’ordre : ainfi ne partageant point vos frayeurs de l’enfer , qu’il foule à Ïq% pieds , comme Virgile &