Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/9

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Éloge

de La Mettrie,

par Frédéric II, roi de Prusse

Julien-Offray de la Mettrie naquit à Saint-Malo, le 25 décembre 1709, de Julien-Offray de la Mettrie & de Marie Gaudron, qui vivoient d’un commerce assez considérable pour procurer une bonne éducation à leur fils. Ils l’envoyerent au college de Coutance pour faire ses humanités, d’où il passa à Paris dans le college du Plessis ; il fit sa réthorique à Caën, & comme il avoit beaucoup de génie & d’imagination, il remporta tous les prix de l’éloquence : il étoit né orateur ; il aimoit passionnément la poésie & les belles-lettres ; mais son pere, qui crut qu’il y avoit plus à gagner pour un ecclésiastique que pour un poëte, le destina à l’église ; il l’envoya l’année suivante au college du Plessis, où il fit sa logique sous M. Cordier, qui étoit plus Janséniste que Logicien.

C’est le caractère d’une ardente imagination, de saisir avec force les objets qu’on lui présente ; comme c’est le caractère de la jeunesse d’être prévenue des premieres opinions qu’on lui inculque : tout autre disciple auroit adopté les sentimens de son maître ; ce n’en fut pas assez pour le jeune la Mettrie, il devint Janséniste, & composa un ouvrage qui eut vogue dans le parti.