Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/98

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îl T R A I M É

rience ne nous prouve pas moins la faculté dé feniir dans les bcres, que dans les hommes : or moi qui fuis fort afFuré que je lens, je n’ai d’autre preuve du fentiment des autres hom.mes que par Its fîgnes qu’ils m’en donnent. Le langage de convention, je veux dire, la parole, n’eli : pas le ligne qui l’exprim.e le mieux : 1 ! y en a un autre commun aux hommes & aux animaux, qui le manifeflc avec plus de certitude ; je parle du langage affectif, tel que les plaintes , les cris , les carelies , la fuite , les foupir$, le chant , & en un mot toutes les exprelFîons de la douleur , de la triftelfe , de l’averlion , de la crainte , de l’audace ^ de la foumilïion , (te la colère , du plaifir , de la loie , de la tendrefle , &c. Un langage aulfi énergique a bien ])lus de force pour nous convaincre , que tous les fophifmes de Defcartes pour nous perfuader.

Peut-être les Carréfiens , ne pouvant fe refufer à leur propre fentiment intérieur , fe croient-ils mieux fondés à reconnoître la même faculté de fentir dans tous les honmies , que dans les autres animaux ; parce que ceux-ci n’ont pas à la vérité exadement la figure humaine. Mais ces philofophes s’en tenant ainfi à l’écorce des chofes , auroient bien peu examiné la parfaite relfemblance qui frappe les connoifleurs , entre l’homme & la bete : car il n’eft ici queftion que de la fmiilitude âcs orga- •^es des fcns , Icfquels , à quelques modifications