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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/104

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le cerveau ; c’est le reflux des eſprits, comme effarouchés. Globuleux, ils roulent en tous ſens avec facilité ; ils peuvent reculer & avancer ; tous à la file, dans une ſeule fibrille, comme les carroſſes du cours dans une allée, (je ne trouve point de comparaiſon plus sensible) les premiers ſont à peine mis en branle, qu’ils rétrogradent, preſſent les ſeconds, ceux-ci les troiſiemes ; & ainſi toujours de ſuite, comme à la mer retirante, dont ils ſont la très-ſubtile image, jusqu’à ce qu’enfin toutes les files ou ſéries d’eſprits parviennent à cette partie du cerveau, que perſonne n’a jamais vue, ſi ce n’eſt feu M. de la Peyronie ; ou qu’on a vue, ſans la connoître, & que les médecins nomment ſenſorium commune ; lequel ſenſorium a été placé preſque dans les parties du cerveau, mais principalement (depuis qu’il a été détrôné de la glande pinéale) dans le corps calleux, & dans ce point où l’on a fauſſement conjecturé que ſe raſſembloient tous les nerfs.

À préſent sera-ce le choc du liquide, ſi étonnamment mobile & délié, qui produira la ſenſation proprement dite ? Sera-ce le retour des eſprits refoulés, comme le Jourdain, contre leur origine ? Ou ſera-ce le mouvement continué le long de la corde optique ſolide ?

À dieu ne plaiſe que nous admettions aucun de ces ſyſtêmes ! Nous marchons avec trop de zèle