Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/117

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Rien de plus jufte,rien de plus fenfé, rien de plus conforme au vrai , que ces réponfes de l’ame. Il étoit difficile de mieux peindre, quoiqu’en riant, le commerce intime des deux fubftances , & la génération réciproque des idées de lame par celles du corps : Ridendo dicere verum, quidvetat ? En effet chacun n’a qu’à rentrer en foi, pour fentir que l’ame n’eft pas plus contredite par le cerveau , tout groflier qu’il paroît , que lui-même ne l’eft par Pâme , beaucoup plus polie. Mêmes fenfations , toutes chofes égales , mêmes goûts des deux parts, mêmes opinions , même façon de fentir & de penfer. Si l’ame en change avec le corps , le corps en change avec lame. Enfin l’imitation eft fi parfaite , qu’où peut dire que c’eft une vraie fingerie, ou vraie comédie qui fe joue dans le cerveau , foit qu’on rêve , foit qu’on veille , fans qu’on puifle décider lequel du corps & de l’ame a été le premier àéteur ,bii, fi l’on veut, le premier linge, parce qu’on ne fait lequel des deux a commencé le premier. Et c’eft apparemment ce qui aura jeté dans le matérialifme , tous ces petits philofophes qui ne jugent que fur l’ccorce des chofes.

N’outrons rien ; quelqu’un is & intimement liés que foient entr’eux l’ame & le cerveau , leur bonne intelligence ne dure pas toujours. C’est comme en mariage , le ménage va mal quand les cœurs font mal aflbrtis. Deux chiens pris enfemble, ne