Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/121

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meroit ici avec le fer de nos organes , fans qu’aucunes crudités puflent l’en empêcher.

Mais non , queftions frivoles & puériles , routes celles qu’on peut faire à ce fujet ! Songeons que ce qui eft corps, fe lie étroitement à ce qui ne l’eft pas ; ce qu’on conçoit , à ce dont on n’a aucune ombre d’idée ; ce qui n’a point de parties , à ce qui en a ; ce qui ne peut être ni vu , ni touché , ni fournis en aucune manière à nos fens , à ce qu’il y a de plus fenfible , de plus groflier , de plus palpable. Songeons que le vifible fe joint à l’invifible , le matériel au fpirituel , l’indivifible au di vifible à l’infini. Comment une auflî foible intelligence que la nôtre , pourroit - elle comprendre l’ouvrage d’un dieu , qui pour fe jouer de fieres marionettes , a voulu par fa toutc-puiflance unir deux chofes aufli contraires que le feu & l’eau, & ferrer d’étroits liens ce qui n’offre aucune prife l’un à l’autre ? Hélas ! comme dit plaifamment Voltaire , « nous ignorons comment on fait des » enfans, & nous voulons favoir comment on » fait des idées. » L’union de la caufe eft aufli incompréhenfible, que la génération de fes effets.

Mais que dis - je ! Pardon f Leibnitiens ; vous avez appris à l’Europe étonnée que ce n’eft que métaphyfiquement que font liées les deux fubftances qui compofent l’homme, & que, quoique Tame n’habitât point dans le corps , elle n’en exerçoit