Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/122

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pas moins fur lui un empire harmonique & corrélatif. Ainfi voilà un grand myftere dévoilé ! Quelle fagacité d’avoir fenti les inconvéniens de placer l’ame dans un lieu oîi il n’y a que du mouvement, & oîi elle ne pouvoit agir que par ce mouvement mécanique !

Quoiqu’il en foit, comme c’eft par fa volonté que 1 ame agit , & que c’eft elle qui fait fa gloire & fon triomphe , nous allons un peu moins légèrement que nous n’avons fait,expofer fa force & fon defpotifme fur le corps.

Non- feulement il eft certain ( & perfonne n’en peut difconvenir, fans avoir perdu le bon fens, ) que le corps eft fournis à la volonté dans les animaux, mais on voit qu’elle fe fait obéir plus vite que l’éclair ne parcourt, tant elle femble tenir en fouveraine les rênes des organes qui lui font fubordonnés. Figurez- vous la volonté , pour en avoir une belle image , lançant du haut de la glande pinéale , ou d’ailleurs, ( puifqu’elle en eft déchue , malgré l’autorité de Defcartes ) lançant , dis-je , fes efprits , comme Jupiter lance fa foudre du haut des nues- Voilà fes miniftres : la volonté dit, les efprits volent , & les inufcles obéiflent. Or voici comment tout cela fe fait.

La moëlle épiniere n’eft que la moelle alongée plus raflemblée , plus compare ; on peut dire que c’eft le cerveau même qui defcend, s’accommode,