Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/145

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Celui qui nie Texiitence des âmes végétales , n’a qu a nier aufli celle des léthargiques.

Les différences eflentielles dont ’il s’agit ici , s’obfervent & font plus ou moins grandes dans les individus de chaque efpece. Relatives auffi dans chaque genre & d’une efpece à l’autre , elles font fi exaâement graduées, qu’un auteur dont l’autorité ne peut être fufpeéte, car c’eft un miniftre du St. évangile , ne fait pas difficulté de nous révéler que Famé humaine eft à celle des bétes , ce que lame des anges eft à la nôtre, Ainfi, pour laifler Yame du monde , dieu, du haut de ce trône de feu , où l’ont placé les alchymiftes & les anciens Hébreux , regardant toutes les fubftances céleftes qui l’environnent , comme l’impertinent Bouhours regarde un Allemand , rit de voir qu’un ange fe croit de l’efprit, tout ange qu’il eft ; comme Voltaire , en lifant les jugemens de l’abbé Deffontaines & les vers de la Motte Houdart, de voir l’un s’ériger en Ariftarque , & l’autre en poëte.

Qui pourroit nombrer la multitude immenfe des âmes intermédiaires , qui fe trouvent entre celles des plus (impies végétaux, & l’homme de génie. Il brille à l’autre extrémité. Apprécions cette étonnante variété , fur celle des corps ; & je ne crois pas qu’à ce compte nous rifquions de nous tromper beaucoup.