Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/17

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par les organes de la reſpiration & de la déglutition ; que du mâle, ſous une forme enfin viſible, dans la femelle, par le vagin ; ces ſemences, dis-je, qui s’implantent & germent avec tant de facilité dans l’uterus, ſuppoſent-elles qu’il y eut toujours des hommes, des hommes faits, & de l’un, & de l’autre ſexe ?

X.

Si les hommes n’ont pas toujours exiſté, tels que nous les voyons aujourd’hui, (eh ! le moyen de croire qu’ils ſoient venus au monde, grands, comme pere & mere, & fort en état de procréer leurs ſemblables !) il faut que la terre ait ſervi d’uterus à l’homme ; qu’elle ait ouvert ſon ſein aux germes humains, déjà préparés, pour que ce ſuperbe animal, certaines loix posées, en pût éclore. Pourquoi, je vous le demande, Anti-Épicuriens modernes, pourquoi la terre, cette commune mere & nourrice de tous les corps, auroit-elle refusé aux graines animales, ce qu’elle accorde aux végétaux les plus vils, les plus pernicieux ? Ils trouvent toujours ſes entrailles fécondes ; & cette matrice n’a rien au fond de plus ſurprenant que celle de la femme.

XI.

Mais la terre n’eſt plus le berceau de l’humanité !