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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/22

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XX.

Tout ce que les médecins & les phyſiciens ont écrit ſur l’uſage des parties des corps animés, m’a toujours paru ſans fondement. Tous leurs raiſonnemens ſur les cauſes finales ſont ſi frivoles, qu’il faut que Lucrece ait été auſſi mauvais phyſicien, que grand poëte, pour les réfuter auſſi mal.

XXI.

Les yeux ſe ſont faits, comme la vue ou l’ouïe ſe perd & ſe recouvre ; comme tel corps réfléchit le ſon, ou la lumiere. Il n’a pas fallu plus d’artifice dans la conſtruction de l’œil, ou de l’oreille, que dans la fabrique d’un écho.

XXII.

S’il y a un grain de pouſſiere dans le canal d’Euſtache, on n’entend point ; ſi les arteres de Ridley dans la rétine, gonflées de ſang, ont uſurpé une partie du ſiege qui attend les rayons de lumiere, on voit des mouches voler. Si le nerf optique eſt obſtrué, les yeux ſont clairs & ne voient point. Un rien dérange l’optique de la nature, qu’elle n’a par conſéquent pas trouvée tout d’un coup.