Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/21

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auront eu la faculté de voir, d’entendre, &c. à qui d’heureuſes combinaiſons auront enfin donné des yeux & des oreilles exactement faits & placés comme les nôtres.

XVIII.

Les élémens de la matiere, à force de s’agiter & de ſe mêler entr’eux, étant parvenus à faire des yeux, il a été auſſi impoſſible de ne pas voir, que de ne pas ſe voir dans un miroir, ſoit naturel, ſoit artificiel. L’œil s’eſt trouvé le miroir des objets, qui ſouvent lui en ſervent à leur tour. La nature n’a pas plus ſongé à faire l’œil pour voir, que l’eau, pour ſervir de miroir à la ſimple bergere. L’eau s’eſt trouvée propre à renvoyer les images ; la bergere y a vu avec plaiſir ſon joli minois. C’eſt la penſée de l’auteur de l’homme machine.

XIX.

N’y a-t-il pas eu un peintre, qui ne pouvant repréſenter à ſon gré un cheval écumant, réuſſit admirablement, fit la plus belle écume, en jetant de dépit ſon pinceau ſur la toile ?

Le haſard va ſouvent plus loin que la prudence.