Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/24

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problême plus difficile. Si tous les corps ſont mus par le feu, qui lui donne ſon mouvement ? l’éther. Qui le donne à l’éther ? D*** a raiſon ; notre philoſophie ne vaut pas mieux que celle des Indiens.

XXVI.

Prenons les choſes pour ce qu’elles nous ſemblent ; regardons tout autour de nous ; cette circonſpection n’eſt pas ſans plaiſir, le ſpectacle eſt enchanteur ; aſſiſtons-y ; en l’admirant, mais ſans cette vaine démangeaiſon de tout concevoir, ſans être tourmentés par une curioſité toujours ſuperflue, quand les ſens ne la partagent pas avec l’eſprit.

XXVII.

Comme, certaines loix phyſiques poſées, il n’étoit pas poſſible que la mer n’eût ſon flux & ſon reflux, de même, certaines loix du mouvement ayant exiſté, elles ont formé des yeux qui ont vu, des oreilles qui ont entendu, des nerfs qui ont ſenti, une langue tantôt capable & tantôt incapable de parler, ſuivant ſon organiſation ; enfin elles ont fabriqué le viſcere de la penſée. La nature a fait, dans la machine de l’homme, une autre machine qui s’eſt trouvée propre à retenir les idées & à en faire de nouvelles, comme dans la femme,