Aller au contenu

Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ramener la ſuperſtition & la barbarie. Au contraire, brider ces bêtes arrogances, leur laiſſer peu de pouvoir (ils en uſurpent aſſez), c’eſt le moyen de favoriſer le progrès des lettres, & de faire fleurir les états. L’ignorance commence par les avilir, & finit par les détruire.

Ô ! que ma reconnoiſſance & mon zele s’exerceroient avec plaiſir à célébrer les vertus du Salomon du Nord, s’il m’étoit auſſi facile de le ſuivre que de l’admirer ! Mais ce ſeroit trop préſumer de mon peu de forces, car que peut-on ajouter à la gloire d’un prince, qui, tandis que preſque tous les autres rois font conſiſter leur bonheur à s’endormir mollement dans les bras de la volupté, n’en connoît d’autre, que celui qui réſulte de l’humanité la plus éclairée, & du parfait héroïſme ; d’un prince qui met dans ſes études la même diſcipline que dans ſes troupes, dont l’eſprit eſt plus vif que leur feu, plus brillant, plus conquérant, plus victorieux que leurs armes ; d’un prince enfin rempli de ſageſſe & de lumieres, qui jeune encore, n’a eu beſoin que de lui-même pour aller de plein vol à l’immortalité. Qu’il me ſuffiſe donc de ſentir, (quoi de plus flatteur pour le maître & pour les ſavans de ſon royaume !) que c’eſt à ſon puiſſant génie que nous devons tous, ce que tant d’autres doivent ailleurs à la faveur, à l’intrigue, à la