Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/247

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Pour la naiflance de Mr. Machine, je ferai le plus court du monde. Je me confole facilement de ne favoir pas , dans quelle retorte cette matière lourde & grofliere fe foit organifée. Dès quelle l’étoit , elle devint machine. Codeno , qui annonce toujours fi préfence par quelques obfcénités, la monta , & c etoit Mr. Machine qui parut peut-être à la manière des cannes de Mr. Vaucanson à Paris. Car Mr. Machine eft comme elles fans ame, fans efprit, fans raifon fans vertu , fans difeernement , fans goût, fans politeffe & fans mœurs ; tout eft corps, tout eft matière en lui. Pure machine, homme plante , homme machine, homme plus que machine ; ce font les titres qu’il affede, qu’il ambitionne , & dont il fait gloire.

Il célébra folemnellement fon jour de naiflance pendant le cours de quatre années une fois : car il fut mis au jour au je ne fais quel biffexte.

Je vous avertirois aufli de fon éducation ; mais je ne fais que dire de celle d’une machine. Chacun a fon tour ; la machine pourfuit le lien. On la monte., & elle joue fon rôle jufqu’à tomber dans le trou. Elle fe conforme à fes règles ; & c’eft ce que fit aufli Mr. Machine. Il pouffa fes efforts, fes études, ou plutôt fes manœuvres à Paris, à Leyde, & à Rheimsj jufqu’à en venir à bout. Il fut créé docteur en M… n’eft-ce pas affez d’honneur pour Une machine ?