Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/27

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de la raiſon. C’eſt un reſſort qui ſe détraque, comme un autre, & même plus facilement.

XXXII.

Tous les animaux, & l’homme par conſéquent qu’aucun ſage ne s’aviſa jamais de ſouſtraire à leur catégorie, ſeroient-ils véritablement fils de la terre, comme la fable le dit des géans ? La mer couvrant peut-être originairement la ſurface de notre globe, n’auroit-elle point été elle-même le berceau flottant de tous les êtres éternellement enfermés dans ſon ſein ? C’eſt le ſyſtême de l’auteur de Telliamed, qui revient à-peu-près à celui de Lucrece ; car toujours faudroit-il que la mer, abſorbée par les pores de la terre, conſumée peu-à-peu par la chaleur du ſoleil & le laps infini des temps, eût été forcée, en ſe retirant, de laiſſer l’œuf humain, comme elle fait quelquefois le poiſſon, à ſec ſur le rivage. Moyennant quoi, ſans autre incubation que celle du ſoleil, l’homme & tout autre animal ſeroient ſortis de leur coque, comme certains écloſent encore aujourd’hui dans les pays chauds, & comme font auſſi les poulets dans un fumier chaud par l’art des phyſiciens.

XXXIII.

Quoi qu’il en ſoit, il eſt probable que les ani-