Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

maux, en tant que moins parfaits que l’homme, auront pu être formés les premiers. Imitateurs les uns des autres, l’homme l’aura été d’eux ; car tout leur regne n’eſt, à dire vrai, qu’un compoſé de différens ſinges plus ou moins adroits, à la tête deſquels Pope a mis Newton. La poſtériorité de naiſſance, ou du développement de la ſtructure contenue dans le germe de l’homme, n’auroit rien de ſi ſurprenant. Par la raiſon qu’il faudroit plus de temps pour faire un homme, ou un animal doué de tous ſes membres & de toutes ſes facultés, que pour en faire un imparfait & tronqué ; il en faudroit auſſi davantage pour donner l’être à un homme, que pour faire éclore un animal. On ne donne point l’antériorité de la production des brutes, pour expliquer la précocité de leur inſtinct, mais pour rendre raiſon de l’imperfection de leur eſpece.

XXXIV.

Il ne faut pas croire qu’il ait été impoſſible à un fœtus humain, ſorti d’un œuf enraciné dans la terre, de trouver les moyens de vivre. En quelque endroit de ce globe, & de quelque maniere que la terre ait accouché de l’homme, les premiers ont dû ſe nourrir de ce que la terre produiſoit d’elle-même & ſans culture, comme le prouve la lecture des plus anciens hiſtoriens & naturaliſtes.