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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/35

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être vu, loin du peuple & du bruit, il aſſiſte à un ſpectacle, où tout l’enchante & rien ne le ſurprend, pas même de s’y voir.

XLIV.

Il lui paroît plaiſant de vivre, plaisant d’être le jouet de lui-même, de faire un rôle auſſi comique, & de ſe croire un perſonnage important.

XLV.

La raiſon pour laquelle rien n’étonne un philoſophe, c’eſt qu’il fait que la folie & la ſageſſe, l’instinct & la raison, la grandeur & la petiteſſe, la puérilité & le bon ſens, le vice & la vertu, ſe touchent d’auſſi près dans l’homme, que l’adoleſcence & l’enfance ; que l’eſprit recteur & l’huile dans les végétaux ; enfin que le pur & l’impur dans les foſſiles. L’homme dur, mais vrai, il le compare à un carroſſe doublé d’une étoffe précieuſe, mal ſuſpendu ; le fat n’est à ſes yeux, qu’un paon qui admire sa queue ; le foible & l’inconſtant, qu’une girouette qui tourne à tout vent ; l’homme violent, qu’une fuſée qui s’élève dès qu’elle a pris feu, ou un lait bouillant, qui passe par-dessus les bords de ſon vaſe, &c.