Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/34

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Quel état ſuivra la perte de ce ſentiment ? C’eſt ce que les plus grands génies ne ſauront jamais ; ils battront philoſophiquement la campagne,[1] comme j’ai fait, feront ſonner l’alarme aux dévots, & ne nous apprendront rien.

XLII.

Comme la médecine n’eſt le plus ſouvent qu’une ſcience de remèdes dont les noms ſont admirables, la philoſophie n’eſt de même qu’une ſcience de belles paroles ; c’eſt un double bonheur, quand les uns guériſſent, & quand les autres ſignifient quelque choſe. Après un tel aveu, comment un tel ouvrage ſeroit-il dangereux ? Il ne peut qu’humilier l’orgueil des philoſophes, & les inviter à ſe ſoumettre à la foi.

XLIII.

Ô ! qu’un tableau auſſi varié que celui de l’univers & de ſes habitans, qu’une ſcène auſſi changeante & dont les décorations font auſſi belles, a de charmes pour un philoſophe ! Quoiqu’il ignore les premières cauſes (& il s’en fait gloire), du coin du parterre où il s’eſt caché, voyant ſans

  1. Voyez l’hypothèſe nouvelle & ingénieuſe de Mr. de Buffon.