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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/38

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L.

La tranſition de la vie à la mort, n’eſt pas plus violente, que ſon paſſage. L’intervalle qui les ſépare, n’eſt qu’un point, ſoit par rapport à la nature de la vie, qui ne tient qu’à un fil, que tant de cauſes peuvent rompre, ſoit dans l’immenſe durée des êtres. Hélas ! puiſque c’eſt dans ce point que l’homme s’inquiète, s’agite, & ſe tourmente ſans-ceſſe, on peut bien dire que la raiſon n’en a fait qu’un fou.

LI.

Quelle vie fugitive ! Les formes des corps brillent, comme les vaudevilles ſe chantent. L’homme & la rose paroiſſent le matin, & ne ſont plus le ſoir. Tout ſe ſuccede, tout diſparoît, & rien ne périt.

LII.

Trembler aux approches de la mort, c’eſt reſſembler aux enfans, qui ont peur des ſpectres & des eſprits. Le pâle phantôme peut frapper à ma porte, quand il voudra, je n’en ſerai point épouvanté. Le philoſophe ſeul eſt brave, où la plupart des braves ne le ſont point.

LIII.

Lorsqu’une feuille d’arbre tombe, quel mal ſe