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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/43

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LXIV.

Je n’ai ni craintes, ni eſpérances. Nulle empreinte de ma premiere éducation ; cette foule de préjugés, ſucés, pour ainsi dire, avec le lait, a heureuſement diſparu de bonne heure à la divine clarté de la philoſophie. Cette ſubſtance molle & tendre, sur laquelle le cachet de l’erreur s’étoit ſi bien imprimé, raſe aujourd’hui, n’a conſervé aucuns veſtiges, ni de mes collegues, ni de mes pédans. J’ai eu le courage d’oublier ce que j’avois eu la foibleſſe d’apprendre ; tout eſt rayé ; (quel bonheur !) tout eſt effacé, tout eſt extirpé jusqu’à la racine ; & c’eſt le grand ouvrage de la réflexion & de la philoſophie ; elles ſeules pouvoient arracher l’yvraie, & ſemer le bon grain dans les ſillons que la mauvaiſe herbe occupoit.

LXV.

Laiſſons-là cette épée fatale qui pend ſur nos têtes. Si nous ne pouvons l’enviſager ſans trouble, oublions que ce n’eſt qu’à un fil qu’elle eſt ſuſpendue. Vivons tranquilles, pour mourir de même.

LXVI.

Epictète, Antonin, Séneque, Pétrone, Anacréon, Chaulieu, &c. soyez mes évangéliſtes & mes directeurs dans les derniers momens de ma