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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/57

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mourir dans ſes beaux bras, où je me ſuis tant de fois oublié ! Et, (pour tenir un langage qui rit à l’imagination, & peint ſi bien la nature,) puiſſe mon ame errante dans les champs élyſées, & comme cherchant des yeux ſa moitié, la demander à toutes les ombres ; auſſi étonnée de ne plus voir le tendre objet qui la tenoit, il n’y a qu’un moment, dans des embraſſemens ſi doux ; que Thémire, de ſentir un froid mortel dans un cœur, qui, par la force dont il battoit, promettoit de battre encore longtemps pour elle. Tels ſont mes projets de vie & de mort ; dans le cours de l’une & juſqu’au dernier soupir, Epicurien voluptueux ; Stoïcien ferme, aux approches de l’autre.

XCII.

Voilà deux ſortes de réflexions bien différentes les unes des autres, que j’ai voulu faire entrer dans ce ſyſteme Epicurien. Voulez-vous ſavoir ce que j’en penſe moi-même ? Les ſecondes m’ont laiſſé dans l’ame un ſentiment de volupté qui ne m’empêche pas de rire des premieres. Quelle folie de mettre en proſe, peut-être médiocre, ce qui eſt à peine ſupportable en beaux vers ? Et qu’on eſt dupe, de perdre en de vaines recherches, un temps, hélas ! ſi court, & bien mieux employé à jouir, qu’à connoître !

XCIII.

Je vous ſalue, heureux climats, où tout homme