Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/56

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douce & liante, ſinon plus agreable, du moins plus néceſſaire à la ſociété que l’eſprit. On reconnoît ceux qui fréquentent la déeſſe, à l’urbanité, à la politeſſe, à l’agrément de leur commerce. Quand je lui aurai dit, hélas ! un éternel adieu dans le culte, je la célébrerai encore dans ces jolies chanſons & ces joyeux propos, qui applaniſſent les rides & attirent encore la brillante jeunesse autour des vieillards rajeunis.

XC.

Lorſque nous ne pouvons plus goûter les plaiſirs, nous les décrions. Pourquoi déconcerter la jeuneſſe ? N’eſt-ce pas ſon tour de s’ébattre & de ſentir l’amour ? Ne les défendons que comme on faiſoit à Sparte, pour en augmenter le charme & la fécondité. Alors vieillards raiſonnables, quoique vieux avant la vieilleſſe, nous ſerons ſupportables, & peut-être aimables encore après.

XCI.

Je quitterai l’amour, peut-être plutôt que je ne penſe ; mais je ne quitterai jamais Thémire. Je n’en ferois pas le ſacrifice aux dieux. Je veux que ses belles mains, qui tant de fois ont amusé mon réveil, me ferment les yeux. Je veux qu’il ſoit difficile de dire, laquelle aura eu plus de part à ma fin, ou de la Parque, ou de la Volupté. Puiſſé-je véritablement