Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/72

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Chapitre ſecond.

Je paſſe à la ſeconde partie de cet ouvrage, ou à la différence des deux regnes.

La plante eſt enracinée dans la terre qui la nourrit, elle n’a aucuns beſoins, elle ſe féconde elle-même, elle n’a point la faculté de ſe mouvoir ; enfin on l’a regardée comme un animal immobile, qui cependant manque d’intelligence, & même de ſentiment.

Quoique l’animal ſoit une plante mobile, on peut le conſidérer comme un être d’une eſpece bien différente : car non ſeulement il a la puiſſance de ſe mouvoir, & le mouvement lui coûte ſi peu, qu’il influe ſur la ſaineté des organes dont il dépend ; mais il ſent, il penſe, il peut ſatiſfaire cette foule de beſoins dont il eſt aſſiégé.

Les raiſons de ces variétés ſe trouvent dans ces variétés même, avec les loix que je vais dire.

Plus un corps organiſé a de beſoins, plus la nature lui a donné de moyens pour les ſatiſfaire. Ces moyens ſont les divers degrés de cette ſagacité, connue ſous le nom d’inſtinct dans les animaux, & d’âme dans l’homme.

Moins un corps organiſé a de néceſſités, moins il eſt difficile à nourrir & à élever, plus ſon partage d’intelligence eſt mince.