Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/97

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l’oreille, s’y dilate en une étoile ou membrane également fine , fuivant en cela cette confiante uniformité que la nature montre par-tout. Cette toile qui revêt & tapiffe les canaux demi-circulaires, eft le fiege de l’ouïe , ainfi que la rétine eft celui de la vue. Tel eft le centre où vont aboutir tous les rayons fonores. L’air mis en mouvement par quelque caufeque ce foit, communique un léger frémilTement au tympan ; celui-ci aux petits ofTelets de louïe , qui mettent en branle l’air interne , lequel enfin frappe l’expanfion infiniment molle & délicate dont j’ai parlé. Cette tunique a à peine foiblement tremblé , que Famé a déjà entendu. C’eft elle qui voit , qui entend dans l’oifeau comme dans le géomètre & le métaphyficien. Il n’yaquelespoifTons, qui ne foient pas fournis au même mécanifme : ils entendent fort bien fans fecours d’un organe pareil à celui des autres animaux. L’eau ébranlée par le fon , porte par la communication du mouvement qui fe propage d’ondes en ondes, porte, dis -je, la même fenfation à leur fcnforium commune , peut-être par le feul toucher. Comme les fourds ont leurs oreilles en quelque forte dans leurs yeux, qui en femblent meilleurs, & les aveugles, leurs yeux dans leur taft , qui n’eft cependant pas toujours aufli exquis chez les uns , que chez les autres ; (car quelle différence que celui de Saunderfon f au toucher de nos quinze-vingts !) la nature n’a pas