Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/98

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voulu fans douce priver les poiflbns de ce même dédommagement de l’organe de l’ouïe , quoique ce qui le remplace , ce qui précifément conftitue leur ouïe , ne foit pas connu.

Le fpeétacte & la confidération des corps animés nous offrent ,à chaque pas tant de prodiges , que la feule fabrique de lame pouvoit les expliquer.

I. Une aufli petite maffe que celle du cerveau, fût-elle conçue étendue en une furftce cent fois plus mince que la plus légère feuille d or, ne peut être , félon Tralles , le rendez-vous de cette multitude innombrable d’images & de fons , que Ton veut y être propagée & mife en dépôt. Ceft une galerie qui ne peut contenir tant de tableaux.

II. Quel feroit le langage des animaux , muets ou non , s exprimant par des paroles , ou par des geftes ! Quelle confufion ! Quand je penfe au feul catalogue des connoiffances d un homme , tel que Boerhaave , & au nombre des pages qu’il occupe dans Tralles , qui a pris la peine de le faire, j’aime à conclure avec lui que , comme tant de peintures ne peuvent former qu’un chaos ou utr amphigouri d’images dans les meilleures têtes , tant de fons entrés dans le cerveau , n’en peuvent fortir que péle-méle , avec la confufion des langues de la tour de Babel , & comme en une efpece de déroute. - Si l’ame n’eut eu la puiffance de voir & d’entendre