Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome troisième, 1796.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

froide indifférence, vous les regretterez, Zaïde, mais en vain ; ils s’envolent & ne reviennent plus.

» D’une ardeur extrême
» Le temps nous poursuit.
» Détruit pair lui-même,
» Par lui reproduit :
» Plus léger qu’Éole,
» Il naît & s’envole,
» Renaît et s’enfuit.

Voyez ce jeune myrte ! sa vie est courte, il sera bientôt sfétri. Mais il profite du peu de jours qui lui sont accordés i il ne se refuse ni aux caresses de Flore, ni aux douces haleines de Zéphire. Imitons-le en tout, ! Zaïde ; & : que sa vie, l’image de la nôtre par la durée, le soit encore par les plaisirs.

Jeune Cloé, vous me fuyez… En vain je vous appelle, en vain je vous poursuis… Déjà tous vos charmes se dérobent à ma vue… rassurons-nous… Les coquettes ne font que semblant de se cacher.

À ces jeux que Virgile a si bien peints, qui ne voit les ruses & toute la coquetterie d’amour ? Vous croyez le prendre sur des lèvres vermeilles ! L’enfant qu’il est, s’y croit trop à découvert ! il se sauve ; il s’enfuit. Jeune Aurore, il est déjà dans les boucles de vos beaux cheveux ; comme il s’y joue avec un souffle badin d’une épaule à l’autre !