Page:La Mettrie - L'homme machine, 1748.djvu/122

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le plus de confiance, c'est toujours, à mon avis, celui qui est le plus versé dans la Physique, ou la Mécanique du corps humain, & qui laissant l'Ame, & toutes les inquiétudes que cette chimère donne aux sots & aux ignorans, n'est occupé sérieusement que du pur Naturalisme.

Laissons donc le prétendu Mr. Charp se mocquer des Philosophes qui ont regardé les Animaux, comme des Machines. Que je pense differemment! Je crois que Descartes seroit un Homme respectable à tous égards, si né dans un siècle qu'il n'eût pas dû éclairer, il eût connu le prix de l'Expérience & de l'Observation, & le danger de s'en écarter. Mais il n'est pas moins juste que je fasse ici une autentique réparation à ce grand Homme, pour tous ces petits Philosophes, mauvais plaisans, & mauvais Singes de Locke, qui au lieu de rire impudemment au nés de Descartes, feroient mieux de sentir que sans lui le champ de la Philosophie, comme celui du bon Esprit sans Newton, seroit peut-être encore en friche.

Il est vrai que ce célèbre Philosophe s'est beaucoup trompé, &