Page:La Mettrie - L'homme machine, 1748.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

éclairé le Labyrinthe de l'Homme; ils nous ont seuls dévoilé ces ressorts cachés sous des evelopes, qui dérobent à nos yeux tant de merveilles. Eux seuls, contemplant tranquillement notre Ame, l'ont mille fois surprise, & dans sa misère, & dans sa grandeur, sans plus la mépriser dans l'un de ces états, que l'admirer dans l'autre. Encore une fois, voilà les seuls Physiciens qui aient droit de parler ici. Que nous diroient les autres, & sur-tout les Théologiens? N'est-il pas ridicule de les entendre décider sans pudeur, sur un sujet qu'ils n'ont point été à portée de connoître, dont ils ont été au contraire entièrement détournés par des Etudes obscures, qui les ont conduits à mille préjugés, & pour tout dire en un mot, au Fanatisme, qui ajoute encore à leur ignorance dans le Mécanisme des Corps?

Mais quoique nous aïons choisi les meilleurs Guides, nous trouverons encore beaucoup d'épines & d'obstacles dans cette carrière.

L'Homme est une Machine si composée, qu'il est impossible de s'en faire d'abord une idée claire, & conséquemment de la définir.