Page:La Mettrie - L'homme machine, 1748.djvu/35

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C'est pourquoi toutes les recherches que les plus grands Philosophes ont faites à priori, c'est à dire, en voulant se servir en quelque sorte des aîles de l'Esprit, ont été vaines. Ainsi ce n'est qu'à posteriori, ou en cherchant à demêler l'Ame, comme au travers des Organes du corps, qu'on peut, je ne dis pas, découvrir avec évidence la nature même de l'Homme, mais atteindre le plus grand degré de probabilité possible sur ce sujet.

Prenons donc le bâton de l'expérience, & laissons là l'Histoire de toutes les vaines opinions des Philosophes. Etre Aveugle, & croire pouvoir se passer de ce bâton, c'est le comble de l'aveuglement. Qu'un Moderne a bien raison de dire qu'il n'y a que la vanité seule, qui ne tire pas des causes secondes, le même parti que des premières! On peut & on doit même admirer tous ces beaux Génies dans leurs travaux les plus inutiles:; les Descartes, les Mallebranches, les Leibniz, les Wolfs, &c. mais quel fruit, je vous prie, a-t-on retiré de leurs profondes Méditations & de tous leurs Ouvrages? Commençons donc, & voions,