Page:La Mettrie - L'homme machine, 1748.djvu/36

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non ce qu'on a pensé, mais ce qu'il faut penser pour le repos de la vie.

Autant de tempéramens, autant d'esprits, de caractères & de mœurs différentes. Galien même a connu cette vérité, que Descartes, & non Hippocrate, comme le dit l'Auteur de l'histoire de l'Ame, a poussée loin, jusqu'à dire que la Médecine seule pouvoit changer les Esprits & les mœurs avec le Corps. Il est vrai que la Mélancolie, la Bile, le Phlegme, le Sang, &c. suivant la nature, l'abondance & la diverse combinaison de ces humeurs, de chaque Homme font un Homme différent.

Dans les maladies, tantôt l'Ame s'éclipse & ne montre aucun signe d'elle-même; tantôt on diroit qu'elle est double, tant la fureur la transporte; tantôt l'imbécillité se dissipe: & la convalescence, d'un Sot fait un Homme d'esprit. Tantôt le plus beau Génie devenu stupide, ne se reconnoit plus. Adieu toutes ces belles connoissances acquises à si grands frais, & avec tant de peine!

Ici c'est un Paralitique, qui demande si sa jambe est dans son lit: Là c'est un Soldat qui croit avoir