ſeil, mais à condition que l’Evéque du Luçon n’y
entrera pas. Enfin en 1624. Richelieu, qui avoit
été introduit par le Favori d’Ancre, eſt fait Cardinal
par le moien du Favori Luynes & par la
protection de la Reine Mere, entre au Conſeil.
Il y a des diſputes pour la préséance. Un génie
auſſi vaſte & entreprenant que l’étoit Richelieu, ne
pouvoit manquer d’ennemis & d’envieux, mais
de l’autre côté il avoit auſſi quantité d’amis. Sa
grande capacité dans le maniement des affaires,
les manieres polies, & ſur tout la protection générale
qu’il accordoit aux Savans, le ſoûtenoient
toujours, & le firent parvenir au plus éminent
degré, où il pouvoit aſpirer. Nous avons été
obligés de dire ici quelque mot de ce grand Cardinal
d’autant plus, qu’il étoit le Mécène de nôtre
Auteur, qui lui étoit en revanche véritablement
attaché. Cependant il ne s’eſt aucunement mêlé
dans les troubles & les agitations de la Cour.
Entiérement livré aux lettres, il n’étoit occupé
que de ſes études, ou s’il ſe livroit un peu au dehors,
ce n’étoit que dans des compagnies choiſies.
Il avoit près de cinquante ans, lors qu’il publia
le premier de ſes écrits ; à la quantité qui nous
en reſte, il eſt bien naturel de préſumer, qu’il y
en avoit déjà bon nombre de prèts ; apparemment
il ſuivoit le conſeil, que lui avoit donné le Pere
Sirmond la premiere fois qu’il le vit, à ce que
nous apprend Mr. Patin, qui le tenoit de Mr. Huet.
Ce ſage & docte vieillard qui étoit plus que nonagenaire
lui dit : « ne vous preſsés pas de rien
donner au Public ; il n’y a rien dans les ſcien-
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DE Mr. LE VAYER.