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De la lecture des livres, et de leur composition.

Celui qui nous a laissé par écrit la vie de Socrate, nous assure qu'il ne reconnoissoit qu'un seul bien ; et un seul mal en ce Monde, dont e premier étoit la Science, et le second l'igonrance. Le Philosophe Heillus etoit du même sentiment, puisque nous lisons dans le quatriéme Livre des questions Academiques, qu'il mettoit le souverain bonheur de la vie dans la connoissance des choses. Et l'Auteur de ce bel ouvrage fait dire en un autre endroit au Stoïcien Balbus, qu'on ne peut rien s'imaginer de plus excellent en Dieu même, que la Science. Sans mentir si c'est elle qui nous distingue principalement des autres animaux, d'où vient qu'on nomme les lettres Humaines, et que nos premieres études s'appellent des Humanités. Il semble que nous ne saurions trop l'estimer ; et il y a même lieu de soûtenir que nous sommes en quelque façon d'autant plus hommes, si l'on peut ansi parler, que nous savons davantage, et que nous avons plus d'intelligence que les autres ; comme il n'y a rien qui nous approche tant de la bête que l'ignorance.