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PREMIERE PARTIE.


parler de quelques uns d’entre eux, dont le ſalut eſt deſeſperé, & qui ſont morts notoirement dans l’Idolâtrie.

    que de cette juftice, que la raifon naturelle leur inſpire. Le ſang du Sauveur eſt un fleuve de miſericorde & de bonté, qui eſt dans le Monde pour le rendre fécond en. bonnes œuvres ; s’il arroſe tout ouvertement l’Egliſe, & qu’il ſe précipite à gros bouillons à ceux qui ont le bonheur d’y vivre, ne ſoions pas ſi cruels que d’en envier certains petits filets, qui s’échappent par des conduits ſecrets & caches à la prudence humaine, & qui vont chercher au fond de la Barbarie ces pauvrets âmes, à qui la droite raiſon a ſervi de Loi au defaut de l’Evangile. Elles ne ſont pas directement dans l’heureuſe Catégorie de l’Egliſe, je l’avouë, mais elles y font indirectement par l’ardent deſir d’y être ſi Dieu leur avoit entierement manifesté ſes volon-
    tés. En voilà aſſez ſur ce ſujet, ceux qui veulent plus d’éclairci peuvent avoir recours aux Théologiens, ou ſans ſe donner la peine de les conſulter, lire cet excellent ouvrage de la Vertu des Païens dont le titre a fait peur à beaucoup de perſonnes, qui pour n’avoir pas eu la connoiſſance de ce qu’il traitoit, ſe ſont ſoulevés avec trop de zèle contre le deſſein de ſon Auteur, qui eſt plutôt d’honorer la grace du Meſſie, que de trop accorder au franc Arbitre. Beniſſons Dieu de ce qu’il nous communique ſes faveurs avec plénitude au milieu des Sacremens & ne croyons pas qu’il en refuſe quelque légère participation à ceux qui par le bon uſage de leur liberté ſollicitent ſa bonté de leur faire la même grace.

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