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DE LA VERTU DES PAYENS.

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DE LA VERTU


DES


PAYENS.


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SECONDE PARTIE.


Sen. lib. 4. de benef. c. 26. & l. 5, 6, 15.
L a Morale des Stoïciens a été repriſe par tout le reſte des Philoſophes, d’avoir rendu les Vertus ſi inſéparables les unes des autres, qu’il étoit impoſſible à leur dire, d’en poſſeder une ſans les avoir toutes. Par le même raiſonement il ne ſe pouvoit faire qu’un homme vertueux eût le moindre vice, parce que celui qui ſe rendoit coupable d’un ſeul, le devenoit de toute sorte de crimes. Et lab. 4. comme Hérodote écrit qu’une petite fontaine de Scythie infecte de ſon amertume tout le fleuve Hypanis qu’il met entre es plus grands ; l’opinion de ceux de cette ſecte étoit, qu’un ſeul défaut dans les mœurs rendoit un homme tout à fait vicieux, nonobstant toutes les bonnes habitudes qu’il avoit acquiſes auparavant. A la vérité, ſi cette doctrine fût paſſée pour véritable, il n’y auroit pas lieu