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SECONDE PARTIE.


ſans doute les plus conſidérables ; comme l’on peut dire dans le Chriſtianiſme, que les Chefs de ces illuſtres familles Réligieuſes ſont les premieres perſonnes de leur Ordre en pieté & en ſuffiſance, auſſi bien qu’en la ſuite du tems. Voions donc, ſi ces Sages du Paganiſme nous donneront plus de ſujet de les eſtimer, que de les blâmer ; & tâchons de reconnoitre s’il y en a eu quelques uns, qui aient poſſedé aſſez de lumiere naturelle, pour traverſer, moiennant la grace du Ciel, des ſiécles de ténebres & d’infidelité, comme ont été les leurs, ſans ſe perdre dans l’Idolâtrie, où ils étoient nourris. S’ils l’ont pû faire, le cours de leur vie n’eſt pas moins admirable que celui d’Alphée, ou de ces autres fleuves qui conſervent la douceur de leurs eaux parmi l’amertume de celles de la mer. Et nous les pouvons comparer encore à ces ſources d’eau pure & très bonne à boire, qui ſortent du milieu des collines de ſel, qu’Herodote dit[1], qui ſe trouvent dans les deſerts de Libye.

Il faut commencer cette recherche par le pere commun de tous les Philoſophes qui eſt Socrate ; Car puiſqu’il n’y en a preſque point eu, qui n’aient fait gloire de tirer leur ſavoir, & s’il faut ainſi dire, leur extraction ſpirituelle de ce grand homme, nous lui ferions tort,

  1. In Melpôm.