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DE LA VERTU DES PAYENS.


pourri. Ainſi nous pouvons bien établir cette maxime, que les plus vertueux de ce monde ſont ſimplement ceux, qui ont le moins de vices ; & que quant à cette pureté exemte de tout mêlange, ne ſe trouvant pas ici bas, nous ne la devons chercher que dans le Ciel.

Il n’eſt pas raiſonnable néanmoins de con fondre cependant le vice avec la vertu ; pour être logés en même endroit, ils ne laiſſent pas d’être reconnoiſſables l’une d’avec l’autre ; & cela étant ainſi, nous ſommes obligés de diſtribuer à une même perſonne le blâme & la loüange, à proportion du bien & du mal qui ſe trouvent dans ſes actions. C’eſt ſuivant cette regle que je me ſuis propoſé d’examiner la vie de quelques Gentils des plus renommés de l’Antiquité à cauſe de leur mérite. Et parce qu’il n’y en a point qui le ſoient davantage, que ces grands Philofophes, dont le ſeul nom a ſouvent le pouvoir de nous inſpirer un ſecret amour de la Vertu, nous les choiſirons entre tous, comme les plus propres à nôtre deſſein. Il eſt vrai, que le nombre en étant fort étendu, je fais état de ne m’attacher guères qu’à ceux d’entre eux, qui ont été fondateurs de quelqu’une des ſectes de l’ancienne Philoſophie, parce que ce ſont