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SECONDE PARTIE

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DE SOCRATE.



C’est à cauſe de la Morale que les Anciens ont honoré Socrate de ce bel éloge. Ceux que nous venons de nommer qui avoient philoſophé devant lui, s’étoient contentés de contempler le Ciel, ou de rechercher les cauſes principales de ce qui ſe fait dans la Nature. Mais pour ce qui touchoit les mœurs, fort peu d’entre eux s’étoient ſouciés de cultiver cette partie, qui eſt ſans doute la plus importante dé toute la Philoſophie. A la vérité, les ſept Sages, dont nous venons de parier nous ont laiſſé de fort beaux préceptes moraux, & des ſentences de grand uſage dans la vie civile. Ils n’ont rien eu pourtant de comparable à Socrate, leur vie n’aiant pas été exemplaire comme la ſienne. Et je me ſouviens bien qu’Appien n’eſt pas De bello Mithr. ſeul, qui a fait l’obſervation, que ceux d’entre eux, comme Pittaque, & Periandre, qui ſe ſont mêlés de la Politique, & qui ont eu part au gouvernement public, peuvent être mis au rang des plus insupportables Tyrans qu’ait eu la Grèce. Si eſt-ce qu’on ne devroit pas parler d’eux il me ſemble, aveç