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DE LA VERTU DES PAYENS.


tant de mépris que quelques-uns ont fait. Nous ſommes obligés de croire, qu’ils n’obtinrent cette haute reputation de ſageſſe, que par de grandes & rares qualités d’eſprit, encore que quelques-uns en aient peut-être abuſé. Et ceux-là procedent contre eux de mauvaiſe foi, qui veulent méſurer leur mérite au pied de ces petits proverbes, qu’on leur attribue, comme s’ils n’avoient acquis toute leur reputation que par ces deux ou trois mots, qui ont été ſans doute les deviſes de chacun d’eux, & non pas le ſommaire de leur ſcience, ſelon le dire de ceux, qui ſe rendent, à mon avis, ridicules eux mêmes, en les déprimant ſi fort. Quoiqu’il en ſoit, Socrate fut le premier qui s’aviſa, que la curioſité des choſes d’enhaut, & les diſputes de la Phyſique, avoient rendu trop negligens dans la Morale tous ſes prédeceſſeurs. En effet, il fit profeſſion de mépriſer également l’Aſtrologie, la Géometrie, & la Muſique, qui occupoient les meilleurs eſprits de ſon tems, comme nous l’apprenons d’une Epitre de Xenophon à Eſchines. Et faiſant voir que tout le reſte de nos études étoit de peu de conſidération, au prix de ce qui concernoit les bonnes mœurs, il établit le premier cette troiſiéme & principale partie de la Phi-