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SECONDE PARTIE


des Dieux que la Grece adoroit, & d’avoir enſeigné à la jeuneſſe d’Athenes qu’il ne pouvoit y avoir plus d’une Divinité. Car quoique l’un & l’autre de ſes Diſciples aient fait mine de l’excuſer de cela, par leurs Apologies dreſſées exprès, pour rendre ſa mémoire moins odieuſe à ceux de leur tems : Si eſt il certain, qu’Anitus & Melitus ne prirent point d’autre prétexte pour l’accuſer ; & qu’il ne bût la cigue que pour avoir fait leçon de cette nouvelle doétrine. Et c’eſt vraiſemblablement le plus grand ſujet qu’aient eu les Peres de l’Egliſe de bien penſer de ſon ſalut, parce qu’on peut dire que d’être mort pour ſoutenir dans la Loi de Nature l’unité. de Bieu, ce n’eſt pas être fort loin du mérite de ceux, qui ont ſouffert le martyre dans la Loi de Grace pour la Foi de Nôtre Sauveur. Sur quoi on pourroit ajoûter, qu’aiant été le premier des Philoſophes Payens qu’on ait puni de la ſorte, ſelon que Diogene l’a remarqué, puiſqu’Anaxagore, qui avoit été ſoupçonné d’avoir de mauvaiſes opinions des Dieux, en fut quitte pour un fimple banniſſement ; il ſemble qu’on puiſſe en quelque façon nommer Socrate le premier Martyr du Meſſie à venir, comme nous ſa-


Tome V. Part. I H