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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


ſi S. Auguſtin a fort bien dit au ſujet des Dosnatiſtes[1], écrivant au Comte Boniface, que ceux-là avoient tort, qui alléguoient le procedé des Apôtres, pour dire, qu’on ne devoit pas emploier l’autorité des Empereurs au fait de la Réligion, parce qu’ils ne conſidéroient pas, que leur ſiécle étoit différent de celui, dont ils parloient, & qu’il faloit fe gouverner toûjours ſelon la diverſité des ſaiſons. Si de plus nos Docteurs ſe ſervent encore tous les jours fort à propos de cette diſtinction, aiant égard au tems de l’Egliſe naiſſante, qui ne permettoit pas beaucoup de choſes qu’on trouve à préſent de fort bon uſage : Pourquoi n’alléguerons-nous pas la même raiſon ſur le propos où nous ſommes ? Et pourquoi ne ſoûtiendrons nous pas que le zèle de Saint Gregoire & de Saint Cyrille étoit excuſable, dans un âge où toute la terre étoit encore pleine d’idolatrie, & où ils voioient, que la reputation de ces grands Philoſophes préjudicioit à l’Evangile, & empêchoit l’avancement de la Foi, ce qu’on ne ſauroit dire aujourd’hui ? Nous ne ſommes pas d’ailleurs obligés d’adhérer inſéparablement à toutes les opinions de ces Peres. L’Egliſe laiſſe la liberté des ſentimens en ce qui ne touche point la Foi, & l’on quitte ſouvent S. Tho-

  1. Ep. 50.