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DE SOCRATE


mas pour ſuivre Scot dans l’Ecole. Nous pourrons donc bien faire ici le même jugement de Socrate, que Saint Juſtin, Saint Auguſtin, Saint Chryſoſtome, & preſque tous les Docteurs de l’Egliſe en ont fait, encore que ces deux ou trois autres, que nous avons nommés, ſoient d’un avis contraire, vû même, qu’ils ont en cela tous les bons Auteurs Grecs & Romains, qui les contrediſent.

Voions néanmoins de quels crimes on charge la reputation de Socrate, & pour quoi l’on veut deſeſperer de ſon ſalut. On lui impute le vilain vice de l’ivrognerie, ce lui, que les Grecs ont nommé Pederaſtie ; une extréme colere ; & finalement l’Idolâtrie, dont ceux mêmes, qui ont fait ſon Apologie, ſont demeurés d’accord, & qui ſemble être toute évidente par ces dernieres paroles, quand il reconnut, qu’il étoit redevable d’un coq à Eſculape. A quoi l’on peut ajoûter ce qu’on a tant dit du Demon duquel il ſe ſervoit.

Pour ce qui touche les excès de bouche, je ſai bien que ſes Diſciples le font boire à la Grecque dans leurs ſympoſes, avec un peu plus de chaleur que la bienſéance ne le permetroit parmi nous. Ce n’a pourtant jamais été juſqu’à s’enivrer, tant s’en ſaut, ils


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