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DE LA VERTU DES PAYENS.


ſuivre la raison[1]. Or toutes ces différentes façons de concevoir la Vertu, diſent à peu près une même choſe, & ſont bien plus faciles que de l’appeler tantôt un nombre & tantôt une harmonie, comme faiſoit Pythagore ; ou de ſoutenir, qu’il n’y en a pour, qui ne ſoit un véritable animal, ſelon l’extravagance penſée des Stoïciens.

Dessein de l’Auteur.

Mais je ne veux faire nulle réflexion ſur cela, non plus que ſur l’homonymie, qui le rencontre au mot de vertu, parce que le plan que je vais tracer de ce petit ouvrage, fera aſſez voir de quelle ſorte de vertu je prétens parler ; en traitant de celle des Païens ; & ce que j’ai dit jusqu’ici par forme d’Avant propos, ne Vera que trop ſuffiſant pour faire une ouverture commode au ſujet que je me ſuis propoſé. Mon deſſein eſt donc de la diviſser en deux parties, & de conſidérer en général dans la premiere ce que nous pouvons penſer Chrétiennement du ſalut des Païens qui ont été vertueux, & que nous tenons avoir moralement bien vécû. Dans la ſeconde nous examinerons en particulier la vie de quelques-uns de ceux qui ſemblent avoir le plus mérité du genre humain ; & nous y balancerons le reſpect, qui eſt peeut-être dû à la mémoire de quelques Infideles, & Idôla-

  1. Sen. epiſt. 114. & Plutar. tr. de com. conc. contre les Stoïciens.
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