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PREMIERE PARTIE


que c’étoit un pact ou traité, qu’l faiſoit avec lui & toute ſa poſterité[1], dont il ne reconnoitroit aucun pour être de son peuple, s’il ne portoit la marque de cette circonciſion qu’il lui enjoignoit. Et Moïſe[2] aiant eu enſuite de la main du même Dieu, les préceptes du Decalogue, avec le reſte des Loix, qu’il vouloit être obſervées par les Iſraelites, qui faiſoient l’Egliſe de ce tems-là ; pluſieurs Peres ont crû, que le ſurplus des hommes vivans dans les ténebres du Paganiſme, & hors l’obſervation de ces Divines conſtitutions, n’ont pû faire leur ſalut en ce monde, ni par conſequent éviter les peines préparées dans l’autre à ceux que l’Auteur de la Nature n’a pas prédeſtinés à la participation de la gloire.

Le fondement de cette opinion s’appuie ſur une maxime de nôtre Théologie Chrétienne, reçue de tous les Scholaſtiques après Saint Thomas[3], & qui a été inferée, depuis lui, dans le Concile de Trente, que perſonne n’a jamais été juſtifié ni ſauvé que par le moïen de la Foi. Or cette Foi étant ou expreſſe & developpée, qu’on nomme dans l’Ecole explicite, & par laquelle nous croions en Jeſus Chriſt l’unique médiateur de nôtre Redemption, ou obscure, couverte & enveloppée, ce que ſignifie le terme d’implicite, comme l’avoient

  1. Gen. c. 17.
  2. Ex. c. 20.
  3. Seſſ. 8. cap. 7.
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