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DE LA VERTU DES PAYENS.

Il n’y a eu que l’Archevêque Seuſſel[1], qui a fait ouverture d’un ſentiment particulier, ſelon lequel il attribue après cette vie aux Païens qui ont moralement bien vécu, un troisiéme lieu entre l’Enfer & le Paradis. Mais parce que c’eſt une opinion nouvelle, & que je ne vois pas qu’elle ait été ſuivie, nous ne nous amuſerons pas à l’examiner davantage, nous contentans de dire, qu’il faut prendre garde en Théologie, auſſi bien qu’en Philoſophie, de ne pas multiplier les Etres ſans néceſſité.

Les autorités qui ſont pour la béatitude des Gentils, ſont fort puiſſantes, & les raiſons de très grand poids.

Pour commencer par Saint Denys (a)[2], pluſieurs alleguent ici ce qu’il écrit au neuviéme

  1. Tract. 2. de div. Prov. art. 3.
  2. (a) Je fis réponſe dans la derniere demi-feuille de la premiere impreſſion de ce Livre à tout ce que j’avois pû apprendre qu’on reprenoit en mon Ouvrage même avant ſa publication. Le deſir de ſatiſfaire autant qu’il me ſera poſſible à ce que j’ai ſçû depuis qu’on y trouvoit encore à redire, m’oblige d’ajoûter quelque choſe. Et parce qu’il s’eſt trouvé des perſonnes aſſez mal affectionnées envers moi, pour m’imputer d’avoir mal cité quelques Peres de l’autorité de qui je me ſuis ſervi en faveur des PaïensVertueux & non Idolâtres : je commencerai par la refutation de
    cette calomnie, qui ne peut être rendue plus evidente, qu’en rapportant les propres textes de chacun de ces Peres. Il eſt vrai que pour ne groſſir par trop ce Volume, & pour m’accommoder par néceſſité à ce que veut l’Imprimeur, je donnerai ſouvent d’aſſez mauvais Latin pour de très bon Grec, que je ſupplie le Lecteur de vouloir conſidérer dans les livres de ceux que je prens à garant, où il eſt aiſé d’avoir recours.

    La premier ſelon le tems, de l’autorité de qui je me ſuis ſervi, a été Saint Denys. Il faudroit tranſcrire plus de la moitié du neuviéme chapitre de ſa