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DE IULIEN


ſupplices, qu’elle avoit ſoufferts, lui ayoient ſervi, & particulierement[1] que la derniere perſecution de Diocletien l’avoit plutôt affermie qu’ébranlée ; cela fut cauſe, qu’il voulut tenir une voie plus douce, & qu’il tacha de la perdre ſans effuſion de ſang. Il reconnut, qu’elle n’avoit rien, qui lui fut ſi contraire que le Schiſme, & les diviſîons ; ce fut ce qui lui fit[2] favoriſer les Donatiſtes, & rappeller d’exil avec les Catholiques les principaux Héréſiarques, comme étoit Aetius, afin qu’ils ſe détruiſent les uns les autres dans des factions, ou il les entretenoit exprès, outre qu’il prenoit plaiſir à condamner les actions de ſon prédeceſſeur. Il conſidéra que la plupart des Chrétiens qu’il avoit à ſa ſolde étoient des perſonnes ſimples, & pleines de promptitude à lui rendre l’obeïſſance, qu’ils lui devoient ; le voilà auffitôt dans le deſſein de les ſurprendre, préſentant la paie d’une main & de l’autre l’encens, qui les jettoit dans l’idolâtrie. Ne fit-il pas tout ce qu’il pût[3] pour ôter à tous les Fidèles le nom glorieux de Chrétiens, leur impoſant par mépris celui de Galiléens, & ordonnant par Edit précis qu’ils ne fuſſent plus appellés autrement. C’étoit aſſez d’avoir remarqué la haine des Juifs contre ceux-ci, pour lui faire embraſſer

  1. Soz. l. 5. c. 4. & 5.
  2. Optatus.
  3. Greg. Nanz. invect. 1. contra Iul. Chryſ.

Tome V. Part. Z