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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


la protection de la Synagogue, & la reſtauration du Temple de Jerufalem. Mais ſon plus artifice fut d’interpréter malicieuſement les préceptes Evangeliques, autant de fois qu’il eût moien d’offenſer par là ceux, qui les reſpectoient. S’ils ſe plaignoient de quelque injure, qui leur étoit faite, il ſe mocquoit d’eux[1] & leur reprochoit l’inobſervation de leur Loi, qui les obligeoit à la patience & à ſouffrir tout pour l’amour dé Dieu. Ce fut ſur le même prétexte, qu’il leur défendit d’exercer aucune magiſtrature, à cauſe, diſoit-il, que la Religion dont il faiſoit profeſſion, ne leur permettoit pas de condanner perſonne à la mort, d’où il inféroit une incapacité abſoluë de faire les fonctions de judicature. Il voulut les priver de même de celles de la Milice[2] ; & quand il les dépouüilloit de leurs biens, c’étoit à ſon dire, pour les rendre plus capables d’acququerir le Roiaume des Cieux, où ils aſpiroient, & dont la poſſeſſion étoit promiſe dans leurs livres aux pauvres de ce monde. On peut voir cette derniere raillerie dans l’une de ſes Epitres[3], qu’il écrit au Rhéteur Eccholus, & dans la precedente, l’Edit, que nous avons déjà remarqué, qui fit tant crier les plus ſavans hommes de ſon tems, à cauſe de la défenſe qu’il faiſoit

    contra Gent. Iul. in Ep. & Amm. Marc. l. 23.

  1. Socrat. l. 3. Hiſt. c. 11.
  2. Theodoretus l. 3. c. 7.
    Ruſinus l. 1. c. 32.
  3. Ep. 45.
    Ep. 42.