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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


tout ce que diſent les autres, ajoûtant, que Julien ne voioit rien plus mal volontiers, que les beaux ouvrages des Chrétiens, où ils ſe ſervoient de la Doctrine des Gentils ; comme ils ont toûjours fait à l’imitation de Saint Paul, qui rapporte librement dans ſon texte ſacré des paſſages d’Epimenides, d’Aratus, de Menandre, & d’Euripide, ſelon l’obſervation de Saint Jerôme, de Socrate, & du même Nicephore[1].

Quoi qu’il en ſoit, il eſt certain, qu’il ne laiſſa paſſer aucun moien de nuire aux Fideles, qu’il n’emploiât avec une paſſion extrème, & ſon animoſité contre eux fut ſi étrange, qu’elle lui fit violer juſqu’au droit des Gens, en la perſonne des Ambaſſadeurs de Perſe[2]. Il les avoit priés d’aſſiſter à quelque Sacrifice ſolemnel qu’il faiſoit dans Chalcedoine, & ſur le refus qu’ils en firent, comme Chrétiens qu’ils étoient, il les accuſa d’impieté à l’endroit des Dieux de leur pais, où le Soleil, la Lune, & le Feu étoient publiquement adorés ; ce qui lui ſervit de prétexte pour les faire mourir. On tient auſſi pour conſtant, qu’il avoit arrêté, d’achever de perdre tout le Chriſtianiſme, au retour de ſon expedition contre les Perſes. Saint Gregoife, & Saint Chryſoſtome[3] nous en aſ-

  1. D. Hier. ad Magnum or. Rom. l. 3. c. 14.
  2. Niceph. l. 10. c. 11. & Metaph. die 17. Junii.
  3. Orat. 2. In