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DE IULIEN


aux Chrétiens d’enſeigner les lettres humaines, leur permettant ſimplement de lire Saint Luc & Saint Mathieu dans les Egliſes. A la vérité, Baronius a eu raiſon de dire, que par cet Edit l’entrée des Ecoles n’étoit pas interdite aux enfans des Fideles. Mais il y a grande apparence, qu’elle le fut par quelqu’autre ſubſequent, vû l’autorité de ceux, qui le témoignent ſi expreſſément. Car Socrate nous aſſure dans ſon Hiſtoire Eccleſiaſtique[1], que l’intention de Julien fut de rendre par là les Chrétiens incapables de ſe démêler des ſubtilités de la Dialectique, dont les Gentils ſe ſervoient. Théodoret veut[2], qu’il enviât aux Galiléens la connoiſſance de la Poéſie, de la Rhétorique, & de la Philoſophie, parce qu’avec ces ſciences ils combattoient le Paganisme de ſes propres armes, comme l’Aigle de l’Apologue, qu’on perçoit des plumes qu’il avoit lui-même fournies. Sozomene croit[3], qu’il leur défendit la lecture de toute ſorte d’Auteurs Ethniques, auſſi bien que d’entendre les Docteurs de vive voix, qui n’étoient pas de leur créance. Rufin uſe de ces termes[4], que par l’Ordonnance de cet Empereur les Colleges n’étoient plus ouverts qu’à ceux, qui avoient les Dieux & les Déeſſes en ſinguliere vénération. Et Nicephore confirme[5]

  1. L. 3. c. 10.
  2. L. 3. c. 7.
  3. L. 5. c. 17.
  4. L. 10. c. 32.
  5. L. 10. c. 25. & 26.
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