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DE IULIEN


ſa perſonne. Et quant à la derniere des vertus Cardinales, qui eſt la Force ou grandeur de courage, c’eſt en quoi nôtre Hiſtorien veut, que Julien ait tellement excellé, que comme on n’a point vû de Monarques, qui aient fait paroitre plus de généroſité que lui dans toutes leurs entrepriſes, principalement lorſqu’il a été queſtion de s’expoſer ſoi même ms au ſort des armes ; il n’y en a point eu non plus, qui aient mieux entendu le métier de la guerre, ſoit qu’il fût queſtion de forcer une place, ou de camper avantageuſement, ou de ranger ſes troupes en bataille. Il avoit rendu ſon corps ſi patient, qu’il ne ſe ſoucioit ni des froids d’Allemagne, ni des chaleurs exceſfives de la Perſe. Et pour preuve de la reputation, où il étoit parmi la Milice, il n’eſt beſoin que de conſiderer le pouvoir, qu’il eût de mener des bords du Rhin juſqu’en la Medie nos Soldats Gaulois, qui le ſuivirent auſſitôt, qu’il les eût harangués. Voilà une partie des éloges qu’Ammien Marcellin donne à Julien. Je laiſſe à part ce qu’il ajoûte de ſa bonne fortune, de ſa liberalité, & de ſon amour envers les peuples, afin de n’être pas plus long, & parce que je juge, que, nous nous ſommes aſſez étendus pour nôtre deſſein ſur une matiere ſi odieuſe.