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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.

Il faut dire un mot ſeulement des autres Hiſtoriens profanes, qui ont écrit au même tems qu’Ammien, ou fort peu après. Eutrope portoit les armes auſſi bien que lui ſous Julien, & l’accompagna pendant ſon voiage d’Orient. Je ſai bien, que Raphaël de Volterre, Geſner, Poſſevin, & quelques autres ont crû, qu’il étoit Chrétien, & même diſciple de Saint Auguſtin. Mais il y a ſi peu d’apparence, que je ne me ſervirai de ſon témoignage que comme d’un Auteur infidele[1]. Après avoir parlé des victoires de cet Empereur en Allemagne & aux Gaules il vient à ſa mort qui lui fit avoir place au nombre des Dieux, ſelon l’uſage de ce tems là. C’étoit, dit il, un excellent homme, & qui eût admirablement bien gouverné l’Etat s’il eût vécu davantage. Il le loué enſuite d’avoir ſçû en perfection les lettres humaines, & ſur tout le Grec, où il étoit beaucoup mieux inſtruit qu’au Latin. Il recommande ſon éloquence, ſa mémoire, ſon incitation à la Philoſophie ; ſa liberalité, ſa juſtice, ſa douce domination, & finalement ſa reſſemblance à Marc Antonin, qu’il faiſoit proſesſion d’imiter. Mais comme il eſt beaucoup plus étendu, que je ne veux être, ſes termes ſont auſſi bien plus exprès, & bien plus à

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